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Comment le progrès technique contribue-t-il à la croissance économique

Posté par Damien, mise à jour le 25/05/2016 à 16:06:09

Comment le progrès technique contribue-t-il à la croissance économique ?


Posté par camille

Le progrès technique désigne toute innovation permettant de créer de nouveaux produits (innovation de produit), de les améliorer ou d'augmenter l'efficacité des facteurs de production (innovation de procédé et innovation organisationnelle). La croissance économique est l'augmentation durable et à long terme du volume de la production. Elle se calcule par la somme des valeurs ajoutées des productions marchandes ainsi que des productions non marchandes. L'expression « contribue » renvoie au fait que le progrès technique est à l'origine de la croissance, il en est responsable en partie.
Quels sont donc les mécanismes à l'oeuvre qui permettent à l'innovation d'augmenter les richesses produites ? Comment les innovations de produit, via leur impact sur la demande, permettent-elles d'agir positivement sur la croissance économique ? Est-ce que les innovations dans organisationnelles et du capital ne permettent-elles pas d'une autre façon, via l'offre, d'augmenter la production ?
On tentera de répondre à ces questions en montrant dans une première partie que les innovations organisationnelles et de procédé ont un impact fort sur la croissance économique. Dans une deuxième partie, on verra que les innovations de produit ont un impact également important sur la demande et permettent d'avoir un effet positif sur la croissance économique.

Tout d'abord, les innovations organisationnelles et de procédé, via leur action sur l'offre, ont un impact fort sur la croissance économique.
Premièrement, les innovations de procédés, qui concernent la production (ordinateurs, machine automatique programmable, organisation du « juste à temps »…) et la commercialisation (Vente en ligne…) ont provoqué une hausse des gains de productivité et une augmentation de la production. L’information est traitée de plus en plus rapidement. Le rythme de la machine est plus rapide que celui d’un être humain. Les temps morts sont réduits au minimum. Tout ceci va permettre de produire plus de biens et de services en moins de temps. Si la quantité de facteurs restent la même, l’offre va augmenter. De nombreuses études empiriques, fondées sur le modèle de Robert Solow, ont montré qu'une partie de la croissance provenait du « résidu ». On parle alors pour certains pays, de croissance intensive lorsque l’augmentation durable de la production repose principalement sur l’augmentation de la productivité des facteurs de production (travail et capital) et non sur la simple augmentation de la quantité des facteurs. Les rendements d'échelle sont alors croissants, c'est à dire que une hausse de 2% de la quantité de travail et de la quantité de capital provoquera une hausse du PIB de 3%, par exemple. On constate que la Finlande ou encore la France ont entre 1991 et 2003, une croissance très intensive qui repose sur des gains de productivité très importants. Entre 1991 et 2003, selon l'OFS, en Finlande, sur 2,5% de croissance annuelle moyenne du PIB, 2,3 point de pourcentage est expliqué par la croissance de la PGF qui est le rapport entre une production et les ressources mises en oeuvre pour l’obtenir. Elle permet de mesurer l'efficacité de la combinaison productive. On voit donc que sa croissance est tirée essentiellement par le progrès technique et non par l'augmentation du facteur capital (ici à zéro point de PIB) et très peu par l'augmentation du facteur travail (0,2 point de PIB). On peut d'ailleurs constater que la Finlande est un des pays qui a le plus investit dans les activités productrices de TIC, c'est à dire dans le développement des activités liées à Internet, à l'informatique qui permettent de produire plus vite comme la vente par internet. Ainsi, en Finlande, en 2001, 11% du PIB résultent des activités productrices de biens et services de TIC, dont 6,5% sont attribuables aux services TIC qui permettent d'améliorer les façons de produire. On comprend donc que l'augmentation la croissance finlandaise est presque uniquement tirée par les innovations dans les TIC.
Les chocs d’offre positifs correspondent notamment aux chocs technologiques ou aux innovations organisationnelles : une ou plusieurs innovations dans l'organisation du travail permettent de réaliser des gains de productivité et d’abaisser les coûts de production car il faut moins de travail et de capital pour réaliser la même quantité de produits. Cette diminution des coûts de production a deux effets positifs. D’une part, si les prix restent inchangés, les entreprises vont augmenter leurs profits ce qui va leur permettre d’accroître leurs investissements matériels et immatériels. D’autre part, si les entreprises décident de diminuer leurs prix, elles vont augmenter leur compétitivité vis-à-vis de leurs concurrents et accroître leurs parts de marché accélérant ainsi la croissance Le Fordisme est un bon exemple d’un choc d’offre positif. Henry Ford, industriel américain, au début du XXe siècle, va prolonger et dépasser le taylorisme en imposant, à partir de l'exemple des abattoirs de Chicago, le travail à la chaîne. Ainsi « La chaîne décomposant au maximum les tâches et en imposant une cadence à tous les travailleurs, permet d'élever la productivité d'une manière considérable ». Donc la division horizontale des tâches permet d'accroître la productivité car les tâches sont simples et répétitives. Et la mise en place du convoyeur augmente encore la productivité « Ainsi, l'assemblage d'un volant magnétique, réalisé par un ouvrier, demandait vingt-cinq minutes ; avec un convoyeur et vingt neuf ouvriers « spécialisés » chacun dans une opération, cet assemblage ne prend d'abord plus que treize minutes ; puis le convoyeur ayant été élevé, sept minutes ; et enfin, les cadences ayant été augmentées avec la vitesse du convoyeur, cinq minutes ». On constate donc que le temps d'assemblage a été divisé par cinq !
Troisièmement, les investissements en recherche et développement vont être essentiels pour soutenir le processus d'innovation et de croissance. Selon la théorie de la croissance endogène, c'est l'Etat qui a un rôle majeur pour dynamiser le processus d'innovation et entrainer un cercle vertueux : cette accumulation de capitaux va engendrer du progrès technique et de la croissance car les connaissances vont se féconder mutuellement, dégager des externalités positives. Par exemple, l’accumulation du stock de connaissances dégage des externalités positives. En effet, une nouvelle idée, un nouveau savoir, un nouveau savoir faire, va enrichir la population sans qu’elle en ait à payer le coût. Les techniques nouvelles vont se diffuser rapidement et améliorer l’efficacité de l’économie dans son ensemble. Les rendements d’échelle vont devenir croissants. Plus le stock de connaissances est important, plus la population est éduquée et plus de nouvelles connaissances vont apparaître. Les « start up » américaines, qui ont massivement investi dans ces nouvelles technologies (Google, Amazon, ebay..) ont tiré la croissance vers le haut. En France, on constate que la part de la DIRD réalisée par les administrations entre 1995 et 2009 a baissé. En effet, en 1995, selon l'INSEE, 39% de la DIRD est réalisée par les administrations contre 36,7% en 2009, soit une diminution de 2,3 points mais en valeur, la dépense publique a augmenté en France de 4679 millions d'euros (on passe de 10 653 millions d'euros en 1995 à 15 332 euros en 2009).

Ainsi, les innovations de procédé et organisationnelles ont un impact très positif sur la croissance économique car elles permettent de forts gains de productivité mais les innovations de produit ont aussi un impact positif sur la croissance car elles augmentent et diversifient l'offre de biens et services vendus et contribuent à l'augmentation de la production de richesses.


Les innovations de produit ont un impact important sur la demande et permettent d'avoir un effet positif sur la croissance économique.
Les innovations de produits (ordinateurs, téléphone portable...) induisent une nouvelle demande soit parce qu’elles renouvellent la gamme (innovation incrémentale), soit parce qu’elles sont radicalement nouvelles (innovation radicale) et créent de nouveaux besoins. En achetant, les premiers téléphones portables, les premiers GPS, les premiers ordinateurs, les premiers acheteurs peuvent se différencier socialement des autres, ce qui provoque le désir d’imitation chez les autres et créé un nouveau cycle de consommation. Ainsi aux Etats Unis, en 2001, 4,5% du PIB résultent des activités productrices de biens TIC. Les Etats Unis sont en effet spécialisés dans la production de biens utilisant les nouvelles technologies. Apple a mis au point de nombreux produits innovants comme l'IPhone, les tablettes tactiles, les ordinateurs portables qui lui a permis d'avoir un monopole temporaire sur le marché du numérique. La mise au point de ces produits a crée une nouvelle demande de la part des consommateurs et donc une augmentation des ventes de produits. Les entreprises du secteur numérique connaissent donc un essor sans précédent, grâce aux profits réalisés et peuvent donc perpétuellement faire de nouveaux investissements matériels et immatériels, ayant un effet positif sur la croissance.
La hausse de la demande va provoquer une accélération des investissements en recherche et développement afin de mettre en place de nouveaux produits. D’une part, les entreprises vont accélérer leurs dépenses de recherche-développement pour trouver un produit innovant afin de se démarquer de la concurrence et obtenir un monopole temporaire comme la mise au point de l'Airbus A380. D’autre part, la croissance étant forte, les capacités de production vont approcher le plein emploi ce qui va obliger les firmes à procéder à des investissements de capacités. Par exemple, Airbus ouvre régulièrement de nouvelles usines afin de faire face aux nouvelles commandes d'Airbus. L’augmentation du rythme du progrès technique va accélérer l’obsolescence du capital fixe et accroître les investissements de remplacement. Les entreprises vont donc acheter de nouvelles machines, si possible plus performantes : à un investissement de capacité va se superposer un investissement de productivité. Les entreprises ont réalisé de nombreuses dépenses dans la RetD. En France, en 1995, selon l'INSEE, la DIRD des entreprises s'élève à 16 649 millions d'euros contre 26 426 millions d'euros en 2009, soit une augmentation de 9 777 millions d'euros. La part des entreprises dans la DIRD française est de plus en plus importante : elle est passé de 61 % de la DIRD en 1995 à 63,3% en 2009, soit une augmentation de 2,3 points en 14 ans. De plus, l'Etat peut également mettre en place un cadre réglementaire et un système judiciaire qui permettent le respect des droits de propriété et offrent un avantage aux inventeurs – par exemple via le brevet – assurent aux entrepreneurs efficaces qu’ils conserveront leur profit et les incitent à innover. Le brevet permet de protéger pendant 20 ans environ une innovation. Il peut aussi subventionner ou diminuer les impôts des entreprises innovantes pour les inciter à se lancer sur de nouveaux marchés (exemple Airbus) ou encore subventionner la production, c'est à dire payer une part de l'investissement des entreprises.
Cette demande de produits innovants est alimentée par la baisse des prix des nouveaux produits permise par les gains de productivité et un marché plus concurrentiel. En effet, les gains de productivité dus aux innovations de procédés, vont diminuer la quantité de travail incorporée dans un produit. Le coût unitaire de ces produits va donc baisser. Par exemple, les gains réalisés par la Ford T ont permis de baisser le coût unitaire du produit, d'augmenter le salaire des ouvriers, créant à la fois un choc de d'offre et de demande positif. Le « Le prix de revient baisse et le prix de base du fameux modèle T tombe de 500 à 290 dollars ». Cette baisse du prix de vente de la voiture s'accompagne d'une augmentation des salaires des ouvriers comme le dit Michel Beaud : « Alors que les salaires de l'industrie automobile sont de deux ou trois dollars par jour, il décide de les porter à cinq dollars à partir du 1er janvier 1914, en ramenant la journée de neuf heures à huit heures. C'est le « Five Dollars Day ». » La hausse du pouvoir d'achat a permis d'accr le volume des ventes de Ford : on passe de 250 000 voitures produites en 1914 à plus de cinq millions en 1929. Cette nouvelle organisation du travail se diffuse par la suite dans l'industrie, permettant une croissance économique très forte. .

En conclusion, on voit donc bien que le progrès technique agit par plusieurs mécanismes sur la croissance économique. Il passe par l'offre c'est à dire par l'amélioration des techniques de production et par les innovations de procédés. Il passe aussi par la demande grâce à la mise au point de nouveaux produits innovants et par la baisse du prix de vente et/ou la hausse des salaires qui résultent des gains de productivité.
Robert Gordon a déclaré « passer de la diligence à l'avion c'est une révolution, payer son billet par internet n'en est pas une ». Nous pourrions donc discuter son affirmation et se demander si nous arrivons à la limite de la frontière technologique. Est-il possible d'avoir encore de nouvelles innovations révolutionnaires ?


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